Les 750 ans de la Fête-Dieu

 

La Fête-Dieu, la Fête du Saint-Sacrement, la procession, tous ces mots, résonnent encore dans notre tête. Cette année, l'Eglise a commémoré le 750ème anniversaire de cette importante fête religieuse.

Il y a bien longtemps quand j'étais enfant, cette fête était pour notre communauté paroissiale un évènement attendu car après la grand-messe se déroulait la procession. Ite missa est, la messe était dite.

L'itinéraire du cortège était le suivant : Rue Bêchée, avec arrêt à la chapelle de l'Enfant-Jésus, rue Renier et sa chapelle Saint-Roch, rue du Vilcran, rue d'Aische-en-Refail avec arrêt obligatoire à la chapelle de N-D des Affligés, rue Warichet, route de Meux, rue Del'Vaux avec une pause à la magnifique chapelle dédiée à Saint-Antoine.

Pour ce dimanche, sortant de l'ordinaire, tout le monde était sur son trente et un : une belle robe, son plus beau chapeau, son plus beau costume. Sur la place, le bedeau, la croix et les enfants de choeur prenaient la tête du cortège tandis que la fanfare locale marquait le pas en interprétant des partitions judicieusement choisies.

Suivant les enfants des écoles, la Vierge revêtue de ses plus beaux atours arrivait. Elle était belle Marie, portant l'Enfant-Jésus : coiffés tous deux de couronne argentée et vêtus de blanc. Porter cette statue était le privilège réservé aux jeunes filles de la paroisse. En robe blanche, coiffées du voile de la Communion Solennelle, pour rien au monde, elles n'auraient voulu céder leur place.

Les garçons arboraient de légers étendards tandis que leurs aînés portaient allègrement dans leur baudrier les bannières de Saint-Amand, de Saint-Joseph, de Notre-Dame de l'Assomption. Suivait la bannière du Sacré-Coeur ornée de longs rubans reliés aux panneaux des "Sept Promesses", tenus par des garçons.

 

L'Enfant-Jésus, l'Ange Gardien, Sainte-Thérèse, la Foi, l'Espérance et la Charité étaient personnifiés par des adolescentes. La statue de Saint-Amand, patron de notre paroisse, placée sur un socle brancard était fièrement soutenue par des robustes jeunes gens.

Suivait le groupe des cadettes en robe blanche. Avec leurs ailes bleues et blanches, elles ressemblaient à de petits angelots. Comme elles étaient attentives à tenir dans leur doigt fluet un des anneaux des nombreux rubans bleus qui ornaient le somptueux manteau bleu de la Reine des Anges!

D'autres fillettes, robe blanche et ceinture mauve, serraient contre elles une palme dorée. Elle entouraient Notre-Dame des Sept Douleurs, vêtue de son long voile mauve.

Précédent le dais, les benjamines en robe immaculée, portaient au cou, susendue â un ruban, une corbeille emplie de pétales de roses et de pivoines. Ces petites  "Semeuses" lançaient des poignées de pétales en direction du Saint-sacrement.

Venaient ensuite les grands anges adorateurs aux longues ailes blanches. Ils étaient représentés par les communiantes du mois de mai qui, une fois encore avaient revêtu leur longue robe blanche. Devant le dais aux franges d'or, revêtu d'une lourde chape dorée, le prêtre tenait en mains l'Ostensoir. Des hommes portant des flambeaux l'encadraient. Tout le long du parcours, à intervalles réguliers, l'acolyte se retournait et encensait le Saint-Sacrement. De temps à autres, les religieuses débutaient la récitation du chapelet, la foule, marchant au son des flons-flons, répondait.

Tôt le matin, sur le circuit que devait emprunter la procession, avant de parsemer le routes de verdure et de fleurs, celles-ci avaient été balayées. Quel défilé! A croire que tout le monde était dehors! A la fenêtre ou sur le pas de la porte de chaque maison se dressait un autel : une croix, une statue du Sacré-Coeur, des bougies, des fleurs.

Les personnes âgées ou malades assises sur une chaise, attendaient la passage du Saint-Sacrement. Les gens croisant la procession s'arrêtaient, enlevaient la casquette et se signaient.

A chacune des chapelles se faisaient un arrêt, un Tantum-Ergo vibrant était entonné par les fidèles. Pour la bénédiction, tout le monde s'agenouillait, l'encens montait, les clochettes et la sonnerie d'un cuivre retentissaient.

Près des chapelles se trouvaient des reposoirs : des tables couvertes d'une nappe blanche étaient destinées à recevoir les statues lors de chaque arrêt. Les porteurs pouvaient reposer, pendant quelques instants, leurs épaules endolories. Plusieurs arrêts-boissons, pour étancher la soif des musiciens étaient aussi programmés.

La dislocation de la procession de la fête-Dieu avait lieu au Calvaire tandis que celle du mois d'août se terminait face à la grotte qui se trouvait sur la droite de l'église. Une dernière bénédiction, un dernier cantique, une dernière intervention de la fanfare et c'était fini!

Souvenirs d'enfants certes, folklore peut-être, mais plus de soixante ans après je les conserve, je les revis comme de bons souvenirs. Le climat de piété et de ferveur, la vie simple de ce temps-là, disaient aussi la foi vivante exprimée par toute une communauté.

CN61,796

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