LA CHUTE DE GRAND-LEEZ

Retrouvé dans les archives de l'armée allemande à Koblenz, ce récit, extrait des carnets de l'état-major de la 3ème et 4ème Division Panzer, retrace les divers combats qui eurent lieu dans notre région les 13,14 et 15 mai 1940. Ces faits de  guerre sont publiés dans le magnifique livre "Gloire et Sacrifices" rédigés sous la plume de Franz Labarre et de Raoul François.

 

A la lisière du Bois de Grand-Leez, le P.R. 36 malmené par les chars français, a rompu le combat sur ordre de la Brigade. Ce n'est donc que plus tard ( l'heure n'est pas précisée ) que le I/S.R. 12 qui, lui aussi, a mis un temps considérable à franchir l'obstacle anti-chars de Perwez, arrive sur les lieux des combats livrés plus tôt par les deux Régiments blindés de la 4 D.P.

Pour vaincre la résistance des chars français retranchés dans le Bois-de-Grand-Leez, un Groupe de combat allemand est constitué. Il se compose du I/S.R. 12 motorisé, du II/103 A.R. et d'un Train de canons anti-chars.

Rapidement les Chasseurs contournent le bois par le Sud, à gauche ; les canons anti-chars immobilisent cinq engins légers français, tandis que la batterie déloge du bois les chars lourds qui disparraissent.

Le village de Grand-Leez tombe sous le coup de cette action énergique, la route à travers le bois est ouverte à l'envahisseur.

Du côté français, le Général Testard, quasiment encerclé à son P.C.  de Grand-Leez sérieusement pris sous le feu, doit se replier sur Meux. La Brigade de chars "Somua" est mise à disposition pour contre-attaquer de flanc, tout en couvrant le repli, le moment venu.

L'Artillerie et les Dragons-Portés se replient sur l'axe Meux-Qt-Denis-Les Isnes.

24 chars, la plupart des "Somua" sont détruits aux lisières Sud du Bois-de-Grand-Leez.

A St-Denis, le 71ème Régiment d'Artillerie perd plusieurs Officiers et soldats au cours d'un bombardement très sévère du château Capelle et de ses abords, à La Bruyère. Un monument à l'entrée du parc, commémore leur combat.

Comme les hommes, les machines ont leur histoire. Le Lieutenant de Bersaucourt (2D.L.M.) nous raconte celle de l'auto-mitrailleuse 24 du 8° Cuirassiers ( Colonel Morio ).

"Cet engin, était le 14 mai 1940, en tête du détachement qui décrochait de Grand-Leez vers Meux. Les chars ennemis de la 4 D.P., depuis la lisière du bois, à 1.500mètres de l'unique voie de repli possible, ouvrent un tir violent et nourri. La 24, ouvrant cependant la route, fonce à un train d'enfer, crachant à la cadence maximum de son canon et de sa mitrailleuse, recevant l'appui, avec la même résolution, des auo-mitrailleuses d'arrière-garde ; les side-cars se précipitent à sa suite, dans la poussière et la fumée. Au village, où le Groupe rassemblé achève, par un tir bien ajusté, de déloger l'ennemi qui déjà recule, la 24 paraît en feu ; un coup de 37 entré par le blindage gauche du moteur, juste au-dessus de la roue, a, en explosant, brisé le ventilateur et lancé un éclat perforant dans le blindage droit. Le moteur cependant tourne toujours. S'il avait flanché, c'était sans doute le massacre de tout le détachement, qui eut ainsi été stoppé sur la voie étroite.

La 24, remorquée, rejoignit le Régiment et même le dépôt de St-Germain-En-Laye ; elle échappa ainsi à la mort de Dunkerke".

Tous les engins engagés dans de tels affrontements, menés au rythme maximum des moteurs, n'eurent pas tous le même sort. Des dizaines jalonnèrent les terrains des combats, révélant à ceux qui n'en avaient pas été les témoins, les lieux de rencontre des unités belligérantes.

Chose étonnante, de ces deux combats au Bois-de-Grand-Leez et à Malprouvé, les plus violents peut-être, entre chars, de toute la campagne de 1940, les Allemands ne mentionnent aucune perte!!!

Après la bataille, pendant des jours et des jours, les équipes de récupération de l'Armée allemande procédèrent au démantèlement des chars détruits. Gosses, il nous arrivait de nous introduire dans l'une ou l'autre de ces machines, à la recherche d'on ne sait quel souvenir et d'y découvrir encore des traces des blessures des équipages.

Le matériel français regroupé dans des parcs d'ordonnance de la région de Charleroi y était traîné, souvent déchenillé, par des tracteurs allemands.

Sur la route de Gembloux à Grand-Leez, à proximité du Pont des Pages et au lieu-dit Laid-Mâle, à l'entrée du village de Grand-Leez, les traces laissées par ces chars déchenillés sont, de nos jours encore, visible sur les pavés, sous forme de longues entailles parallèles creusées lors de leur remorquage.

Source : Maurice Durviaux / CN60

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