GRAND-LEEZ, MON VILLAGE
Devoir de classe réalisé par Véronique Francis
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Grand-Leez, mon village
A l'origine de la localité, on ne la désignait que sous le toponyme de Leez dont la première mention écrite date du début du IXème siècle. La distinction entre Grand-Leez et Petit-Leez n'apparaît qu'au XIIème siècle et le toponyme Grand-Leez ne s'applique définitivement à la paroisse et à la seigneurie qu'au XVIIème siècle.
Le toponyme Leez dérive du latin Lecem issu d'une ancienne dénomination celtique du lieu : "Lach", terme signifiant mare, bourbier. Or durant des siècles, Grand-Leez présenta de vastes prairies marécageuses ayant succédé à un grand lac qui s'étendait des confins de Gembloux à ceux d'Aische-en-Refail.
Au IXème siècle, le ruisseau d'Aische-en-Refail dont la source se trouve à proximité du bois de Grand-Leez s'appelait le Lachara. Le suffixe "ara", d'origine celtique, signifie cours d'eau et se rencontrait dans le nom des rivières.
L'époque gallo-romaine a laissé de nombreuses traces à Grand-Leez. La localité était reliée par un diverticulum à la grande chaussée romaine allant de Bavai à Cologne et passant à proximité de l'agglomération. Une colonie romaine se fixa sans nul doute à Grand-Leez et a laissé de nombreux vestiges de son passage : tuiles, poteries, monnaies, morceaux de bronze et de fer. Deux tumuli se trouvaient dans le Bois des Fosses mais celui-çi ayant été défriché, ces tumuli furent nivelés par les cutlures.
Deux poteries romaines exploitaient la terre : l'une d'entre elles était située à côté de l'actuel château de Petit-Leez, l'autre à quelques centaines de mètres de là.
Dans un rayon de 2kms à partir des étangs de Grand-Leez, des archéologues ont répertorié l'existence de 39 habitations gallo-romaines. Au bois de buis, des traces d'un quadrilatère indique l'existence à cette époque d'un endroit fortifié. La colonie romaine extrayait également à Grand-Leez du minerai de fer et de la marne (roche argileuse contenant une forte proportion de calcaire utilisée pour l'amendement des sols acides).
Comme l'ensemble des villas situées dans la région gembloutoise, Grand-Leez semble avoir été déserté à l'époque des invasions germaniques.
La première mention écrite de Leez remonte à 805. Par un acte daté du 2 avril 805, établi dans la ville de Leez, le seigneur NEBELONG donna à l'abbaye de Saint-Denis, près de Paris, ses biens situés à proximité du Lachara à Aische-en-Refail.
Le village de Leez est repris sous le toponyme de Lacium dans le polyptique de 868-69 détaillant les domaines de l'abbaye de Lobbes, près de Thuin, sur la Sambre.
Il semble qu'à la suite des invasions normandes, Leez cessa d'appartenir à Lobbes car au Xème siècle, le village appartient de nouveau à l'abbaye de Saint-Denis. Un seigneur s'appropria la localité mais une sentence du souverain Otton II en date du 15 octobre 980 rendit la localité à ce monastère.
Ensuite, à l'époque féodale, cette abbaye fut de nouveau dépouillée de ses biens au profit d'un seigneur. Grand-Leez devint alors une seigneurie hautaine incluse dans le Duché de Brabant. Cette seigneurie était vassale de celle de Perwez. Le seigneur de Perwez était d'ailleurs l'avoué des possessions des prémontrés de l'abbaye de Floreffe sise à Grand-Leez.
Le gibet de cette seigneurie aurait été dressé dans la campagne à proximité des communes voisines de Lonzée, de Meux et de Saint-Denis. Le manoir de la seigneurie était construit, derrière l'église actuelle sur pilotis au milieu d'un étang. Ce manoir est cité aux XVème et XVIème siècle dans les registres de la cour féodale de Brabant sous le vocable "vieille maison de l'Ornoir". Une ferme était construite à proximité de ce château. Ces bâtiments furent détruits vers 1840. Les premiers seigneurs s'appelaient les de Leez. En 1067, un seigneur de Leez est cité comme témoin dans une charte de donation établie en faveur de l'abbaye de Stavelot par Albert, comte de Namur.
La seigneurie fut dès le XIVème siècle cédée à d'autres familles : les Diepenbeeck, les Sombreffe, les Manderscheit, les Virnenbourg, les De la Marck, les d'Argenteau et les Looz-Corswarem.
L'abbaye de Floreffe possèdait un vaste domaine à Grand-Leez. En 1145, un membre de la famille de Leez, Conrad de Moul, devint bénédiction au prieuré de Basse-Wavre qui dépendait de l'abbaye d'Affligem. Il donna à ce couvent la totalité de ses biens fonciers à Grand-Leez. En 1153, Henri de Leez, prince-évêque de Liège, de 1145 à 1164 et originaire de la localité ajouta à ce domaine l'église de Grand-Leez et douze bonniers de terre et de pré reçus d'un autre Henri de Leez, époux d'Ode.
En 1175, par voie d'échange, tout ce domaine devint la propriété de l'abbaye norbertine de Floreffe.
Vers la fin du XIIème siècle, ce même seigneur laïc Henri de Leez donna à ce monastère 200 bonniers de bois contre une redevance annuelle de 8 sous 4 deniers.
Cette donation constitua une pomme de discorde entre les moines et les manants de Grand-Leez. En effet, ceux-çi avaient le droit de ramasser le bois mort dans le bois du village et se sentirent lésés lorsque les moines entreprirent de défricher la forêt. Le duc de Brabant Henri I dut trancher le litige. En 1191, il autorisa les moines à essarter 100 bonniers et laissa les cent autres bonniers à la disposition des manants pour le ramassage du bois.
Un membre de la famille des de Leez, Wauthier de Leez fut abbé de Floreffe de 1280 à 1289.
A Grand-Leez, comme à Petit-Leez, les prémontrés de Floreffe exerçaient les droits de basse justice sur leurs tenanciers. Leur cour réglait les problèmes de dettes, de bornes entre les tenures et tout litige relatif aux propriétés.
Au début du XVIIème siècle, un conflit surgit entre l'abbé de Floreffe et le seigneur hautain Jacques d'Argenteau concernant leurs droits à Grand-Leez. Un accord intervint en mars 1618. L'abbé toucherait les droits seigneuriaux sur les changements de propriétés dans sa seigneurie foncière. Dans les forêts du monastère, il pourrait abattre les chênes requis pour la réfection de l'église et de la cense de la Converterie. Mais le seigneur hautain se réservait la perception des amendes et des droits d'usage dans les bois de l'abbaye de floreffe ou il possédait les chênes et les hêtres.
Certaines batailles,- celle de Neerwinden en 1693 ou le maréchal de Luxembourg vainquit Guillaume III, Roi d'Angleterre, et celle de Ramilies en 1706 ou le Duc de Marlborough battit Villeroi,- se déroulèrent non loin de la localité.
A la fin du XVIIème siècle, il semble que Grand-Leez souffrit moins que d'autres villages du voisinage du passage et du cantonnement des troupes relatifs aux guerres menées par Louis XIV dans nos provinces. A la révolution française, lorsque le Diectoire ordonna la suppression des congrégations religieuses, les domaines ecclésiastiques sis à Grand-Leez furent vendus. Le 16 février 1797, la ferme de la Converterie fut vendue comme bien national. Elle comprenait près de 85ha et fut acquise par un financier français, Jean-Baptiste Paulée qui racheta également dans la région l'abbaye bénédictine de Gembloux et celle d'Argenton à Lonzée.
Les bâtiments actuels de cette ferme de la Converterie datent du milieu du XVIIIème siècle
Sous le régime français, la conscription côuta la vie à une vingtaine de jeunes habitants du village. Mais vers la fin de l'Empire, des réfractaires se cachèrent dans le bois de Buis. En 1814, des troupes alliées cantonnèrent à Grand-Leez et en 1815, les troupes françaises de Grouchy passèrent par le village.
En 1830, à l'indépendance, Grand-Leez comprenait 15 fermes dont 5 importantes, 267 maisons, 2 moulins à vent et un moulin à eau. Le 1er décembre, après un long procès contre les Grimberghe, la commune acquit le bois de Grand-Leez. Pendant plus d'un siècle, la commune accordera à chaque ménage la coupe d'environ 4 ha. Vers 1860, la plupart des maisons du village étaient encore construites en bois et en torchis avec toit de chaume. Beaucoup de chemins ne furent pavés que durant la seconde moitié du XIX ème siècle. Les égouts faisaient défaut. Incendies et épidémies se multiplièrent. Ces malheurs incitèrent certains habitants à émigrer vers les Etas-Unis et le Canada. Malgré cette émigration, la population atteignit son chiffre record en 1882 : 2085 unités.
A la fin de la première guerre mondiale, une épidémie de grippe espagnole fit 52 morts à Grand-Leez. Le 13 mai 1940, alors que le village avait été pratiquement déserté, les Allemands du XVI corps blindé entrèrent dans le village situé à quelques kilomètres de la position Dyle tenue par l'armée française.
En 1975, un arrêté royal du 17 septembre engloba le village de Grand-Leez dans la nouvelle entité de Gembloux. La commune de Grand-Leez s'étendait sur une superficie de 1289 ha. La voie ferrée Gembloux-Landen fut établie en 1865. Elle devait passer à proximité de la ferme de la Converterie mais le conseil communal s'y opposa car il argua d'éventuels danger pour les champs, les bêtes et même la population. La station fut déplacée vers un endroit peu habité sur le territoire de Thorembais-St-Trond.
Source : CNII1087,IV688
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