LE MARECHAL-FERRANT
LE "MARCHAUT" COLLARD
En 1947, lors du recensement agricole effectué par le garde-champêtre, 5 maréchaux-ferrants étaient établis dans le village : Joseph SIMONET, Maurice DRICOT, et les trois frères COLLARD, Louis, Léon et Albert. La photo de ce dernier accompagne ce texte.
Les deux mains enfouies dans les poches de son pantalon de toile grise, la casquette vissée sur la tête, le "Marchaut"COLLARD est un de ces rares Grand-Leeziens qui, depuis plus de 60 ans, a toujours exercé le même métier : maréchal-ferrant.
Issu d'une famille de forgeron où les secrets du travail du fer se transmettaient de père en fils, Albert COLLARD se souvient du temps passé où le cheval était au centre de la vie des agriculteurs.
Ferrer un cheval, c'était tout un art qui exigeait de notre homme beaucoup de savoir-faire. La première opération et non des moindres, consistait à nettoyer et couper le sabot du cheval sans le blesser, pendant que les fers chauffaient dans la fournaise. Un premier essayage du métal rougi appliqué sur le sabot dégageait une abondante fumée opaque, accompagnée de l'odeur âcre de la corne brûlée. Les coups de marteau résonnaient sur l'enclume pour donner au fer, l'arrondi voulu qui devait épouser la courbe du sabot. Enfin, une fois le fer trempé dans l'eau et refroidi, il convenait de le clouer avec soin. Un dernier coup de lime donné d'une main experte parachevait le travail ce cordonnier bien étrange.
Le rythme des autres travaux dépendait en grande partie du rythme des saisons elles-mêmes. Que de lames des charrues à battre et à aiguiser au temps des labours!
Avant les moissons, il fallait ferrer de nombreuses roues de charriots. Ce travail aussi consistait en plusieurs opérations successives.Dans un grand four spécialement construit en briques réfractaires, les bandages métalliques étaient chauffés pendant plusieurs heures.
Les roues en bois, préalablement réparées par le charron étaient posées à plat sur une dalle en béton pour recevoir le cercle de fer bouillant extrait du four avec des grandes pinces que l'on aurait cru sorties des fournaises de Lucifer.
Pendant les périodes calmes de l'hiver, les moments de répit, étaient mis à profit pour rédiger les factures. A cette époque en effet, le forgeron tenait lui-même sa comptabilité et une fois par an, il allait souvent à pied, visiter ses clients pour leur remettre des "notes" de frais de l'année écoulée.
La forge était aussi un lieu de rendez-vous où les habitués discutaient les dernières nouvelles devant le feu toujours bien entretenu par un ventilateur électrique qui remplaçait le large soufflet à main, gardé précieusement en fonction, en cas de pannes éventuelles.
La restauration des grilles du Calvaire est également due au savoir-faire d'Albert COLLARD.
André COLLARD
Source :CNE4,21986
La photo ci-dessus, vous fait découvrir l'intérieur de la forge d'Albert COLLARD. Elle se situait N°32, rue Renier. Ce cliché fut réalisé pour avoir l'image exacte des lieux afin de remonter cet atelier dans le même conditionnement. Et...c'est au "Musée de l'Histoire" N°27, rue Ransfort à Molenbeek-Saint-Jean, que Aimée DEPREZ, épouse du dernier maréchal-ferrant que comptait notre localité, a fait don de l'outillage complet de la forge.
Source : CN78,2001
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