LE MOULIN LORGE

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Situé sur la route conduisant à l'ancienne gare de chemin de fer, à un coup de fusil de la ferme de la Converterie, il est vraisemblable que ce sont les moines convers, occupant les lieux à cette époque (XVII°s.),qui le construisirent. Ce moulin à vent circulaire, bâti en briques chaulées était transpercé par deux portes massives et pourvu de minuscules fenêtre à linteau droit.

Quatre grandes pales actionnées par le vent, étaient les éléments fondamentaux pour le faire tourner. Exploité en dernier lieu par la famille Lorge, il cessa ses activités sur la fin des années 1800. Son tic-tac réduit au silence, il fut dépouillé de ses ailes et de sa coiffe. Son matériel et ses accessoires furent mis en dépôt à Céroux-Mousty. Après avoir essuyé de sérieuses transformations, ce vieux serviteur fut reconverti en habitation.

Aujourd'hui, cet ancien moulin à vent que l'on désigne encore sous le nom de "Moulin Lorge", a subi une sévère métamorphose. En effet, son proprio actuel, M. J.P. Luxen, a fait sabler et rejointoyer tout le contour de ce volumineux cône tronqué. Malgré le poids des ans, les nouveaux atours qui habillent ce vénérable patriarche lui donne un look qui lui confère un cachet attrayant.

Source : CN74

 

MOULIN A VENT, ET APRES

( Vers l'Avenir du 11/10/03 )

 

Acheter un ancien moulin à vent, privé de ses ailes, pour en faire une habitation presque ordinaire, c'est le pari qu'est en train de réussir Jean-Phillipe Luxen. Cela fait près de huit ans qu'il se bat dans son chantier. Aujourd'hui, avec son épouse, il voit enfin le résultat de ses efforts. Le confort s'installe enfin.

Bien sûr, les finitions intérieures et extérieures ne sont pas encore toutes terminées. Un gros poêle au fuel ronronne au rez-de-chaussée, bientôt il sera remplacé par un chauffage central qui n'attend que les derniers raccordements. Et puis, surtout, il manque encore cette annexe, rectangulaire ou en légère courbe, qui viendra s'ajouter au pied du moulin en cône. Elle sera plus pratique pour loger et donner aux enfants en bas âge que les Luxen rêvent d'avoir autour d'eux, car les ecaliers de meunier ne sont guère adaptés aux bambins. Et puis, passer sans cesse d'un étage à l'autre, c'est éprouvant à la longue. Même à trente ans.

IL AURAIT BRULE OU ESSUYE UNE TEMPETE

"J'ai failli renoncer et revendre plusieurs fois", explique Jean-Philippe Luxen, réalisateur de Bla-Bla à la RTBF : " Pour mener une aventure comme celle-ci à bien, il faut être passionné." Attablé au rez-de-chaussée, dans une salle à manger encerclée par d'épais murs de briques et de piarres, il retrace son venture mouvementée de rénovateur de moulin. Chaque recoin de ses 30m2 étagés sur trois niveauxest passé dans ses mains devenues expertes au fil du temps et des expériences. L'homme à tout faire qu'il est devenu a buriné, plafonné, enduit, assemblé, cloué, vissé, foré, décapé, encastré, nivelé, raboté, meulé...

"Un ami maçon m'a appris et donné l'amour du métier. Mais pour les travaux restants, j'abandonne le mortier, les briques et le plafonnage. J'en ai trop bavé malgré l'aide ponctuel des amis", Commente  Jean-Philippe dont les mains témoignent de son acharnement.

S'il connait ses entrailles, de l'histoire de son moulin et du petit lopin de terre de 5 ares tout autour, il ne sait pas grand-chose. Si ce n'est qu'on appelle le Moulin de la Converterie et qu'il aurait brûlé ou essuyé une tempête en 1890. Privé de véritable toit, le bâtiment devait composer avec une plate-forme en zinc de plus en plus perméable au fil des ans :

"Il n'y avait quasi aucun confort, je devais me laver dans l'évier de la cuisine et les décharges d'eau usées filaient droit vers le jardin. L'ancien propriétaire avait loué à plusieurs reprises. Le bâtiment tournait à rien et je pensais en finir après douze mois de travail. Il m'a finalement fallu huit fois plus de temps. Le gros problème, c'était l'humidité qui rentrait par les murs inclinés pourtant épais de 80 cm à la base. La pluie battante a vite fait de s'infiltrer dans ses joints. Et puis, il y avait ausi de l'humidité ascensionnelle".

Ces premiers problèmes ont été résolus. Non sans mal, car les produits hydrofuges, pourtant appliqués sur les facades par un professionnel, se sont avérés totalement inefficaces. Le propriétaire a été jusqu'au procès pour récupérer l'investissement important et inutile dans un hydrosablage suivi d'un rejointoyage et la prétendue imperméabilisation. Il faut dire qu'au départ, les anciens propriétaires et locataires alignaient les couches d'enduits et de peinture sur les façades pour se préserver des infiltrations.

POSEE COMME SUR LE PIED D'UN CHAMPIGNON

Aujourd'hui, un magnifique bardage couvert de cèdre habille un côté du moulin ; le vent d'ouest et la pluie d'automne peuvent battre à nouveau ce coin de campagne gembloutoise. D'autant qu'un drain a été posé tout autour de la base de l'édifice ; on en a profité pour recimenter celle-ci et la passer au goudron.

Pour rhabiller son moulin, Jean-Philippe a sillonné en mobilhome les Flandres, des deux côtés de la frontière franco-belge. Finalement, c'est à quelques kilomètres à peine de chez lui, au moulin de Grand-Leez que Jean-Philippe a rencontré le charpentier qui allait trouver la solution pour son toit. De deux étages, le moulin est passé à trois, evc une structure tout en chêne massif posée avec bonheur. Comme sur le pied d'un champignon.

L'INVENTAIRE INCOMPLET DES MULTIPLES INTERVENTIONS.

Difficile d'énumérer dans l'ordre et avec précision toutes les interventions de Jean-Philippe Luxen pour rendre son moulin habitable. Après s'être attaqué au gros problème d'humidité venant de l'extérieur, il a sablé l'intérieur et ses plafonnages tachés de moisissures. Il a remplacé des linteaux en terre cuite pour les troquer contre des poutres en chêne esthétiques. Il a rouvert des baies et d'autres ouvertures emmurées par les anciens occupants pour se protéger de l'humidité. Il a ensuite installé un poêle pour réchauffer l'ensemble et assécher les murs devenus apparents.

Avant le bardage de la façade, le toit est né une première fois en maquette.

Il a ensuite  placé une chaudière dans la cabane qui se trouve à côté du moulin ; les tuyaux flexibles enterrés et isolés n'attendent plus qu'à être raccordés aux radiateurs. Au rez-de-chaussée, il a aménagé une salle de bain en façonnant lui-même le mobilier. Au premier, il a remplacé tous les chassis après avoir rehaussé le plafond trop bas à ses yeux. Les poutres maîtresses ont été posées sur des consoles en pierre bleue fixées dans la maçonnerie. Il en a profité pour refaire les planchers pourris par les infiltrations d'eau.

L'électricité a été complètement refaite et repensée. Du haut, on commande aussi l'éclairage du bas. Et inversément. Il a donc fallu pratiquer des saignées dans les murs ; il en a profité pour faire passer discrètement les tuyaux du chauffage central.

CHAMBRE AVEC VUE SUR LA VERTE CAMPAGNE.

Au sommet de la maçonnerie de briques qui s'arrête à huit mètres au-dessus du sol, une structure tout en bois sert de chambre à coucher et de toit de l'édifice. Durant l'été passé, il a fallu deux mois pour réaliser ce plateau d'une dizaine de tonnes. Pour l'assemblage, le chantier s'est fait dans le champ voisin prêté par le fermier. Une journée de pose a été nécessaire, à l'aide d'une grue géante pour l'arrimer définitivement en lieu et place des ailes d'autrefois.

Constitué de pas moins de sept mètres cubes de chêne et d'un plancher cérusé, cette pièce de bois qui culmine au sommet du moulin est un véritable cocon circulaire. Il est délimité de part et d'autre par deux baies vitrées donnant sur des terrasses avec vue plongeante sur les grands espaces verts environnants.

Les ardoises naturelles ont été posées après boulonnage de l'ensemble à la maçonnerie du moulin. Une base qu'il a fallu niveler avec du béton avant la pose:

"Avant la réalisation grandeur nature avec le charpentier, j'avais moi-même construis une maquette à l'échelle 1/10ème du toit. Il a bien sûr fallu l'aval d'un architecte, demander les autorisations et un permis de bâtir à la commune où le dossier a longtemps traîné. Malgré l'urgence qu'il y avait à couvrir définitivement le bâtiment!"

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